En direct de Malmö ! Samedi 11 mai : Victoire de la Suisse, épilogue heureux d’un Eurovision calamiteux
Eurovision 2024 Jour J. Ce samedi matin les journalistes attendaient impatiemment une déclaration de l’UER sur la participation du candidat néerlandais à la grande finale. Elle est tombée peu après midi. Joost Klein n’y participera pas. « La police suédoise a enquêté sur une plainte déposée par une femme membre de l’équipe de production à la suite d’un incident survenu après sa prestation lors de la demi-finale de jeudi soir. Pendant que la procédure judiciaire suit son cours, il ne serait pas approprié qu’il continue à participer au Concours », a précisé le communiqué de l’UER. La police suédoise évoque de son côté « un homme qui est soupçonné d’avoir proféré des menaces illégales. L’infraction aurait été commise à la Malmö Arena jeudi soir », au moment de la conférence de presse des qualifiés, pendant laquelle le Néerlandais avait manifesté une certaine mauvaise humeur.
Le diffuseur AVROTROS a publié à son tour une déclaration rapportant la version de l’artiste. Lors de son parcours de la Green Room à la salle de presse, une camerawoman le filmait alors qu’il ne souhaitait pas l’être, ce qui a donné lieu à « un mouvement menaçant » de sa part, sans qu’il n’ait violenté ou touché cette personne. AVROTROS dit avoir échangé avec l’UER pour trouver une solution acceptable par l’ensemble des parties concernées, sans succès. Le diffuseur a déploré « une sanction disproportionnée ».
La tension autour de la participation d’Israël au Concours est toujours aussi oppressante et la délégation israélienne et sa sécurité ne font rien pour arranger les choses, se montrant agressives envers les autres délégations et les journalistes du centre de presse.
Lors de la générale des familles l’après-midi, des artistes n’ont pas participé au défilé des candidats. Slimane a interrompu sa chanson, pour une courte déclaration qui s’est achevée par « We must be united by music and peace ». L’Irlandaise Bambi Thug ne s’est carrément pas produite et sa prestation filmée d’hier fut diffusée. La candidate israélienne a été à nouveau sifflée. Par ailleurs, certains porte-paroles ont refusé d’annoncer les 12 points. Les diffuseurs avaient intérêt de prévoir des doublures pour le soir.
Tout l’après-midi les rumeurs les plus folles ont parcouru le centre de presse alors que l’UER enchaînait les réunions de crise, certains candidats menaçant, parait-il, de ne pas se produire ce soir. L’émission étant diffusée en direct complet, des manifestations étaient redoutées par la production, de la part des artistes, des porte-paroles ou du public. Le Superviseur exécutif Martin Österdahl allait jouer sa crédibilité ce soir-là.
Finalement, tout s’est globalement bien passé et aucun incident sérieux n’a été à déplorer. Israël a été sifflé comme prévu, mais ce ne fut rien par rapport aux huées envoyées par le public à un Martin Österdahl blême, qui a eu du mal à faire entendre son traditionnel « You’re good to go ».
Des quatre scénarios que j’avais proposé hier, c’est donc le numéro 2 qui a été le bon. Premier des jurys, mais cinquième du télévote, totalisant 591 points, le Suisse Nemo l’emporte sur le Croate Baby Lasagna, premier au télévote mais seulement troisième des jurys et deuxième au global avec 547 points. Comme en 2023 le favori des professionnels l’emporte sur le favori du public. L’Ukraine, la France et Israël, respectivement troisième, quatrième et cinquième, complètent le Top 5 de 2024.
En direct de Malmö ! vendredi 10 mai : Europapa vire à Eurodrama dans une ambiance irrespirable
Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’ordre de passage de la finale de l’Eurovision, fixé par la production, fut publié. Positionnés en 21, 23 et 25, environnées de chansons très moyennes, la Suisse, la Croatie et la France font office de chouchous de l’UER. Israël a été placé en 6, au début de l’émission, une position jugée peu favorable pour espérer l’emporter. La France l’a d’ailleurs occupée en 2022 et 2023 avec les résultats que l’on sait.
Plus étonnant, le positionnement de l’Ukraine en position 2, la place porte-malheur. Serait-ce un message subliminal du type « on ne veut pas que l’Ukraine gagne » ? Beaucoup le pensent. La tradition voulant qu’on ne place pas un favori aussi tôt dans le programme, on espère pour l’UER que l’Ukraine n’a pas terminé aux deux premières places de sa demi-finale. Sinon l’organisation sera l’objet de fortes critiques tout à fait justifiées.
Samedi soir différents scénarios sont possibles. Le plus logique est la victoire de la Croatie, favorite des bookmakers, mais dont le score auprès des jurys reste incertain. C’est oublier que ces jurys professionnels ne le sont pas tant que ça, qu’ils ne votent pas toujours pour les qualités artistiques d’une prestation, qu’ils sont soumis à certaines influences et qu’il leur arrive parfois de voter pour des chansons légères et funs si la prestation vaut le coup d’œil. La Croatie peut se montrer confiante. En terminant premier au télévote, tout en s’assurant un nombre suffisant de points auprès des jurys, Baby Lasagna devrait l’emporter samedi soir.
La Suisse est l’outsider. Elle devrait avoir logiquement la faveur des jurys car Nemo coche toutes les cases d’une prestation à même de plaire à des gens du métier. Malgré un numéro très physique, Nemo est vocalement parfait pendant trois minutes et si la qualité doit primer alors c’est lui qui remportera ce vote des professionnels. Reste à savoir si le public s’entichera de ce titre certes efficace mais également très singulier et qui peut même sembler déroutant, tout comme l’artiste qui revendique sa binarité.
Troisième scénario, public et jurys ne sont pas d’accord. Par exemple le public vote Croatie, Ukraine et Israël, et les jurys choisissent Suisse, France et Italie, et là les points partent dans tous les sens. Tout peut donc arriver, et la France ferait un vainqueur inattendu parfait.
On croit en Slimane et en sa capacité de faire passer toute l’émotion de « Mon amour » via les ondes. C’est le public qui fera la différence, car les jurys risquent d’être sévères avec notre représentant, dont la voix a quelque peu déraillé ce vendredi soir. Il a perdu certainement des points auprès des jurys et il sait qu’il doit jouer son va-tout samedi soir.
Quatrième scénario, le cauchemar de l’UER, Israël, deuxième chez les bookmakers en ce moment, remporte le Concours grâce au télévote. Gros scandale en perspective, l’Eurovision en ressort discrédité et par effet boule de neige des pays se retirent, refusant de participer à un Concours 2025 dont l’organisation est promise à Israël, que ce soit en totalité dans l’état hébreux ou partiellement dans un autre pays, comme le Concours 2023. Il sera dès lors très difficile à l’Eurovision de s’en remettre.
La journée s’annonçait morne. Ce fut pire. En milieu d’après-midi, lors de la première générale de la finale, on est passé directement de la chanson positionnée en 4 (le Luxembourg) à la chanson positionnée en 6 (Israël), alors que le Néerlandais Joost Klein, qui avait été aperçu pendant le défilé des artistes à l’ouverture de la finale vingt minutes plus tôt, aurait dû faire la jonction entre les deux en position 5.
Peu après, l’UER a publié un communiqué annonçant qu’elle « enquêtait » sur un « incident impliquant l’artiste néerlandais » et qu’il ne répéterait pas « jusqu’à nouvel ordre ». L’incident pourrait être une altercation entre le bouillant Néerlandais et une camerawoman de la SVT. Très vite la rumeur de la disqualification de Joost Klein courrait dans tout le centre de presse, où les journalistes étaient en mode PLS. Mais en début de soirée l’UER déclarait poursuivre ses investigations, et se refusait à tout autre commentaire, tout comme le diffuseur néerlandais AVROTROS. Par contre, on annonça que Joost ne participerait pas à la générale des jurys le soir et que sa prestation serait remplacée par l’enregistrement de la veille, lors de la seconde demi-finale.
Les appels au boycott du Concours pour cause de participation d’Israël à la compétition plombent l’ambiance qui devient irrespirable. Quelques « Free Palestine » ont été entendus pendant la première générale et le soir, au cours de la jury show, la chanson israélienne fut copieusement sifflée par le public, tout comme le fut le producteur exécutif Martin Österdahl au moment de la simulation des votes.
Il est temps que ce Concours se termine, que la Croatie gagne et qu’on passe à autre chose.
En direct de Malmö ! Jeudi 9 mai : Une demi-finale sous haute tension !
Ce jeudi matin, Slimane avait rendez-vous avec les eurofans français pour une (petite) rencontre très conviviale et une photo de groupe. Habitué aux hordes de fans, il semblait pourtant surpris et enchanté de voir autant de monde venu l’encourager.
Le centre de presse, vide en début d’après-midi, s’est peu à peu rempli, les journalistes jetant de temps en temps un coup d’œil distrait sur les écrans qui diffusaient la troisième générale de la seconde demi-finale.
Parmi les artistes qui se sont déplacés dans le centre de presse dans l’après-midi, on a remarqué l’Israélienne Eden Golan, venue répondre à quelques interviews, dans une ambiance très tendue. Des manifestations se sont déroulées au centre de Malmö, où plus de 10.000 personnes (selon la police suédoise) ont protesté contre les bombardements israéliens dans la bande de Gaza et la participation de l’état hébreux à l’Eurovision. Le centre commercial situé en face de la Malmö Arena a dû être évacué, entrainant tout autour de la salle une grosse pagaille. Comme on s’y attendait la prestation israélienne a été sifflée l’après-midi comme en soirée. Certains spectateurs ont quitté la salle et d’autres ont tourné le dos à la scène pendant que la chanteuse interprétait un très réussi « Hurricane ». Parmi les candidats de ce soir, la Grèce, la Suisse et les Pays-Bas ont fait forte impression, et se sont qualifiés comme prévu pour la finale, tout comme la Lettonie, la Norvège, l’Estonie (Youpi !), la Géorgie, l’Arménie. La grosse surprise de la soirée est la très injuste élimination de la Belgique.
Mais c’est la qualification d’Israël qui concentre l’attention. Son élimination aurait arrangé tout le monde à commencer par l’UER. Non seulement ils seront là samedi, mais en plus ils ont fait leur entrée dans le cercle très fermé des favoris, passant en quelques heures à la deuxième place des bookmakers. Lors de la conférence de presse des qualifiés, la jeune israélienne était délibérément ignorée par les autres candidats qui ne se sont pas privés pour lancer çà et là des piques en répondant aux questions de la presse.
La révélation accidentelle des résultats du télévote italien, où Eden Golan a écrasé la concurrence avec 39% des votes laissant loin derrière le deuxième, le Néerlandais Joost Klein à 7%, laisse entrevoir la possibilité d’une victoire de l’état hébreux, comme celle de l’Ukraine en 2022, mais avec un gagnant très clivant cette fois. L’UER doit commencer à avoir des sueurs froides, car cette éventualité pourrait discréditer fortement le Concours.
En direct de Malmö ! Mercredi 8 mai : Slimane peut gagner !
Les journalistes avaient un peu la gueule de bois en arrivant au centre de presse mercredi en début d’après-midi, la plupart ayant passé la soirée à l’Euroclub, où les qualifiés de la première demi-finale fêtaient leur succès. Mais ce mercredi 8 mai, c’est la seconde demi-finale qui était au programme avec la première générale l’après-midi dans la salle, et la jury show (sans jurys) le soir dans le centre de presse. Slimane a présenté une magnifique prestation à la fois puissante et touchante, et vocalement impeccable. À part un plan caméra loupé tout était parfait. Il a convaincu et les journalistes présents ont beaucoup applaudi. On pense qu’il sera très haut chez les jurys et s’il convainc aussi les téléspectateurs, tous les espoirs sont permis. Il peut gagner.
Bonne surprise également pour la joyeuse prestation de l’Arménie qui pourrait même damer le pion à la prestation 2.0 de la Grèce, très efficace. Je me suis aussi beaucoup amusé lors de la prestation des joyeux lurons estoniens, 5miinust & Puuluup. Le Belge Mustii s’est révélé très convaincant, même si dans le centre de presse il n’est pas bien classé, tout comme le Suisse Nemo aux vocalises impeccables.
Jeudi 9 mai s’avère la journée de tous les dangers à Malmö. Des manifestations sont prévues dans la ville en début d’après-midi pour protester contre la participation d’Israël au Concours, avec le Malmö Arena comme point d’arrivée des défilés. On murmure la circulation sera bloquée aux abords de la salle et que le pont vers Copenhague pourrait être coupé, comme il l’a été ce soir, bloquant des centaines de spectateurs plusieurs heures dans la capitale danoise. La délégation israélienne s’est faite très discrète, mais Eden Golan a quand même pointé son nez dans le centre de presse quelques instants cet après-midi. Et ce soir sa prestation a été sifflée. Ça promet pour demain soir.
En direct de Malmö ! Mardi 7 mai : le Grand-duché fait son retour !
C’est dans le centre de presse que nous avons assisté, entouré par tous les journalistes, à la diffusion première demi-finale, sur grand écran. Un centre de presse qui a tout d’abord ovationné la prestation de l’Irlandaise Bambie Thug, les citoyens de la verte Érin étant au bord de l’apoplexie, puis qui a versé des torrents de larme (Olivier me dit que j’exagère) après la prestation toute en émotion des Ukrainiennes Alyona Alyona et Jerry Heil, et qui s’est enfin déchainé pendant toute la prestation du Croate Baby Lasagna (traduction française Bébé Lasagne, ça fait tout de suite moins fun) au son des « Rim Tim Tagi Dim ». Le gagnant du télévote de samedi soir se trouverait-il parmi ces trois-là ? Beaucoup le pensent…
Puis le centre de presse s’est assoupi, réagissant à peine aux pitreries du Finlandais Windows95Man, mais applaudissant tout de même (un peu) les Australiens Electric Fields. Quant au pauvre Allemand Isaak, il n’a pas beaucoup impacté ce soir, les journalistes ayant les yeux rivés sur leur smartphone pendant toute sa prestation. S’il ne grille pas d’ici la finale, il a des chances d’y terminer à la dernière place.
Les journalistes n’attendaient que le nom des dix qualifiés qui furent annoncés un peu après 23h : Irlande, Ukraine, Croatie, évidemment, mais aussi Serbie, Portugal, Slovénie (Olivier en est encore tout ému), Lituanie, Finlande (Olivier ne s’en est toujours pas remis), Chypre et, pour notre plus grand bonheur, le Luxembourg.
Dommage pour l’Australie, qui a présenté un très beau tableau et qui a souffert du syndrome « Mais l’Australie, c’est pas en Europe… ». Le passage en finale a été tiré en direct sur TikTok avant la conférence de presse des qualifiés. Irlande, Lituanie et Luxembourg passeront dans la première moitié de la finale, Chypre, Finlande et Slovénie dans la seconde moitié. L’ordre de passage du Portugal, de la Croatie, de la Serbie et de l’Estonie sera fixé par Christer Björkman en personne.
En direct de Malmö ! Lundi 6 mai : les premières répétitions !
en milieu d’après-midi nous sommes entrés dans la Malmö Arena où nous avons assisté à la première générale, celle des journalistes, qui se sont entichés de l’Irlandaise Bambie Thug qui crie plus qu’elle ne chante son « Doomsday Blue » visuellement très efficace et qui grimpe doucement mais sûrement chez les bookmakers. Mention spéciale également pour le duo ukrainien alyona alyona & Jerry Heil, mon coup de cœur de cette demie et un prétendant à la victoire selon moi.
Côté présentatrices on connait Petra Mede tellement par cœur qu’on sourit plus qu’on ne rit à ses saillies. Quant à sa co-présentatrice Malin Åkerman, elle s’en est bien sorti. Elle va progresser jusqu’à samedi soir.
En direct de Malmö ! Dimanche 5 mai 2024 – Et c’est parti pour le show !
Dimanche 5 mai, la cérémonie d’ouverture, le « Turquoise Carpet » s’est déroulée dans une atmosphère tristounette, sous un ciel nuageux et pluvieux. Il a fallu qu’elle se termine pour que le soleil pointe son nez. Un tapis morne, modèle réduit, sans musique avec peu de médias, sur lequel ont déambulé certains artistes pressés de rejoindre la chaleur de la salle, et heureusement quelques autres qui ont accepté de jouer le jeu de la photo, du message vidéo ou de la courte interview. Un grand merci donc aux Estoniens, Australiens, Ukrainiens et Suédois notamment.
La sécurité est visiblement le soucis numéro un à Malmö et on avait le sentiment de revenir douze ans en arrière, à Bakou, quand la sécurité passait son temps à faire le tour de l’Euroclub où je suis passé faire un tour hier soir pour .
En direct de Malmö ! Samedi 4 mai 2024 – nous sommes arrivés !
L’ouverture du centre de presse, le « Media Center », est toujours un moment marquant pour les médias qui couvrent l’Eurovision. Comme en 2013, il est situé au Malmömässan qui jouxte le Malmö Arena, et pour ceux qui, comme moi, étaient présents cette année-là c’est un peu revivre « Retour vers les futur ». La bonne nouvelle est que la « Delegation Area » qui héberge les artistes et leur entourage se trouve dans le même bâtiment. La proximité entre les deux espaces laisse espérer la possibilité de croiser plus facilement les artistes, comme il y a onze ans. Croisons les doigts.
Par contre, aucune image n’a été diffusée sur écran, alors que le Big 5 et la Suède faisaient leur seconde répétition individuelle. Dommage, on se contentera donc des images fournies par l’UER. Des six extraits du jour, ce sont les prestations italienne et française qui semblent ressortir du lot. Dans une édition 2024 très ouverte, une victoire française est une hypothèse crédible.
C’est donc dans un centre de presse un peu tristounet, avec une musique d’ambiance lugubre, très « Mayon faible », que nous avons passé l’après-midi. Demain le « Turquoise Carpet » (la cérémonie d’ouverture) ne s’annonce pas plus joyeux. La délégation israélienne n’y participera pas et par mesures de sécurité il sera court, sans fans et couvert par très peu de médias accrédités. Il y a beaucoup de policiers dans la zone du Malmö Arena, et on sent les autorités très nerveuses sur cette question. Les manifestations attendues jeudi et samedi prochain à Malmö pour dénoncer les bombardements israéliens ne vont pas les rassurer.
